La Citroën DS fête ses 70 ans
Un lancement historique au Salon de Paris
En octobre 1955, Citroën présente dans le cadre du salon de Paris, la remplaçante de la célèbre Traction Avant : la DS. Cette nouvelle voiture fait l’effet d’une bombe, non seulement en France, où la foule se presse sur le stand de la marque au double chevron, mais dans l’ensemble du monde automobile. Pour mesurer l’importance de l’évènement, un journaliste a évalué qu’il s’agissait de la 3e actualité de la décennie par le volume occupé dans la presse, après l’armistice de 1945 et la mort de Staline en 1953 ! Lorsque le salon ferme ses portes, Citroën a enregistré 80 000 commandes fermes, alors même que le délai de livraison annoncé est supérieur à un an.
Un design avant-gardiste signé Flaminio Bertoni
Dessinée par le styliste maison, l’italien Flaminio Bertoni, l’inédite Citroën DS représente en effet une révolution de par sa ligne et de par sa technologie. Cette voiture casse les codes, rompt les habitudes et bouscule les principes établis en matière de construction automobile au nom du progrès. En premier lieu, la carrosserie offre une forme aérodynamique optimisée avec de grandes surfaces vitrées au bénéfice de la luminosité et de la visibilité. L’auto se passe même de calandre, une chose encore impensable sur une grande voiture à moteur avant au milieu des années 1950. On note aussi l’absence d’encadrement de vitres sur les portes. La forme sert la fonction puisque l’excellente aérodynamique de la voiture favorise les performances tout en réduisant la consommation. De même, l’habitabilité est au rendez-vous ainsi qu’un coffre de grande capacité. À l’intérieur, le tableau de bord est très épuré, tandis que les fauteuils, sobrement dessinés, offrent un confort profondément moelleux.
Une technologie hydraulique révolutionnaire
Pour son fonctionnement, la DS utilise abondamment les systèmes hydrauliques. Ainsi, le freinage, la direction, la suspension et la commande de boîte de vitesses recourent à la centrale hydraulique de la voiture. Le freinage fait appel à des disques à l’avant, une première sur une voiture de grande série, qui sont placés en sortie de boîte et non pas dans les roues. La commande de freinage entièrement hydraulique est assurée par un bouton au pied, jugé trop sensible par certains conducteurs. En raison d’un train avant lourd et pour éviter des efforts au volant monobranche, la direction bénéficie d’une assistance hydraulique, chose rare sur les voitures européennes à cette époque. La suspension hydropneumatique procure un confort exceptionnel et offre la particularité de régler la garde au sol en fonction de la nature de la route sur laquelle la voiture évolue. Enfin, la Citroën DS est la 1re voiture française munie d’une boîte de vitesses à commande hydraulique couplée à un embrayage automatique. En revanche, au niveau du moteur, la DS se contente de reprendre une évolution de la mécanique de la Traction, conçue dans les années 1930. Il n’a pas été en effet possible pour le constructeur de dégager les ressources nécessaires au développement d’un nouveau moteur. C’est un peu dommage mais ceci est assez fréquent chez les constructeurs automobiles français.
L’évolution de la gamme DS
Les évolutions s’enchaînent ensuite à bon train. En octobre 1956, Citroën présente l’ID, une version simplifiée, avec boîte mécanique, et moins chère que la DS. Deux ans plus tard, la DS Prestige, avec séparation chauffeur et téléphone à l’arrière, complète la gamme par le haut, tandis que le break ID est présenté sous forme de prototype avant d’être commercialisé en septembre 1959. En février 1961, un élégant cabriolet, fabriqué par le carrossier Chapron, arrive au catalogue. Les modifications continuent d’être introduites au fil du temps : nouveau tableau de bord en août 1961 ; partie avant modifiée en août 1962 ; finition Pallas en août 1964 ; nouveau moteur sur la DS 19 et lancement de la DS 21 en septembre 1965 (mécaniques dont profitent aussi les breaks ID) ; nouveau moteur sur la berline ID en septembre 1966 ; restylage de la partie avant et phares directionnels en septembre 1967 ; DS 20 succédant à la DS 19 en septembre 1968 ; DS 21 à injection électronique, nouveau tableau de bord et ID remplacés par les D Special et D Super en septembre 1969 ; suppression du cabriolet en juillet 1971 ; DS 21 évincée au profit de la DS 23 et nouvelle version D Super 5 en août 1972.
La DS, symbole des Trente Glorieuses et son héritage
En octobre 1969, Citroën célèbre la production de la millionième DS. Cette voiture haut de gamme est parvenue à séduire des clients dans le monde entier tout en symbolisant le savoir-faire industriel français. La DS fut même assemblée, à partir de lots de pièces détachées fournis par les usines françaises de Citroën, dans les pays suivants : Afrique du Sud, Australie, Belgique, Cambodge, Mexique, Portugal, Royaume-Uni et Yougoslavie. La DS marque fortement la période des Trente Glorieuses pendant laquelle elle véhicule de nombreux officiels jusqu’au premier d’entre eux, le Général De Gaulle, Président de la République. La voiture apparaît également dans de nombreux films, inspire plusieurs carrossiers, dont le fameux Chapron, et s’illustre même en compétition, une chose étrange pour une grande berline confortable, avec l’engagement dans de nombreux rallyes parmi lesquels plusieurs participations au Rallye de Monte Carlo. Au terme de presque 20 ans de carrière, la DS tire sa révérence en avril 1975 après que plus de 1,4 million d’exemplaires aient été produits. Le mythe de la DS perdure jusqu’à nos jours ce qui en fait un véhicule fort prisé en collection. Nous conclurons en signalant que la DS a terminé troisième à l’élection de la Voiture du Siècle, un évènement organisé en 1997 par un jury international, parmi 700 voitures candidates, derrière les Ford T et Mini, mais devant les Volkswagen Coccinelle et Porsche 911.
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